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21 novembre 2007

Etudes sur la Kabylie, Carette, Livre 1 : dénominations

Ce blog est maintenant fermé.

Merci à vous d'aller lire cet article sur le nouveau site qui a pris le relais de celui-ci

www.benifoughal.com

Voici aujourd'hui un article qui ne concerne pas directement la tribu des Beni Foughal, mais qui va me servir à mieux expliciter dans quelle direction on peut essayer de creuser la piste Ifogha.

J'ai trouvé sur Google Books un livre intitulé 'Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842' . Ce volet (il en existe plusieurs) a été rédigé par Carette, découpé en quatre livres, il est consacré à l'étude de la Kabylie.

car

Ce qui m'intéresse plus particulièrement aujourd'hui est le premier livre, consacré à la dénomination géographique et ethnographique en Kabylie. En ce qui concerne l'ethnographie, Carette consacre une étude aux noms patronymiques, une autre aux noms de tribus, et s'arrête en particulier sur la valeur historique à donner aux dénominations (page 106):

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Si les altérations introduites dans les noms de tribus par les orages de leur destinée et le hasard de leurs déplacement; si les désinences, tantôt arabes, tantôt berbères, si les formes, tantôt familiales, tantôt communales, jettent, au premier abord, de la confusion dans la nomenclature, il faut reconnaître cependant qu'elles acquièrent une valeur historique dès qu'on est parvenu à discerner le type original dans le type adventice.
Chaque nom porte réellement avec lui sa traduction et son commentaire; quel que soit le point d'arrivée de la tribu, la racine du nom en fait connaître le point de départ. Les désinences elles-mêmes conservent souvent la trace des vicissitudes qu'elle a dû éprouver.
Ainsi se révèle, dans l'éparpillement des mots, la loi fatale qui a présidé à l'éparpillement des hommes.
A diverses époques, des courants violents ont traversé l'Afrique du Sud au Nord et du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest et de l'Ouest à l'Est. La nomenclature géographique porte l'empreinte de leur passage.
...
Le courant de l'Ouest à l'Est, qui correspond à la renaissance berbère dans la dynastie des Almoravides, est celui qui a laissé les vestiges les plus nombreux et les plus remarquables.
...
Les mouvements du Sud au Nord et du Nord au Sud ont aussi laissé quelques points de repère. Nous en trouvons un dans la tribu kabyle des Beni Ir'at'en; car l'analyse de ce nom rapporterait à une émigration venue de R'at l'origine de la tribu. R'at est, comme on sait, une ville située au delà de R'dâmes (Ghadamès), sur la lisière du Soudan; elle appartient aux Touareg, les Kabyles du désert. Il résulterait de ce rapprochement qu'à certaines époques les Berbères du grand désert et ceux de la côte auraient pu se tendre la main à travers l'immense espace qui les sépare, et se réunir par des colonies. Au surplus, il règne à R'at une tradition qui ajouterait de la vraisemblance à ce fait, c'est qu'autrefois des caravanes assez nombreuses s'acheminèrent vers le Nord et ne revinrent jamais au pays natal.
Entre la Kabilie et la région des oasis, les échanges ne peuvent être révoqués en doute. Témoin la colonie kabile des Beni 'Azzoug, établie au Zîbân, dans le village d'El Bordj, et les colonies sahariennes d'Ibiskrien, et de Taouri't-n-aït-Gana, établies dans la Kabilie.
Nous avons déjà fait connaître ailleurs l'exemple remarquable de migration fourni par les Arib, qui, du fond du désert, se sont avancés jusqu'à la Méditerrannée.
L'examen des dénominations ethnographiques fournit une nouvelle preuve de ce fait intéressant, et permet, jusqu'à un certain point, de suivre leur route. La tradition rapporte que, dans leur mouvement d'émigration, ils firent un premier séjour vers la ligne où le Sahara confine au désert; mais elle n'en dit pas d'avantage. La nomenclature, plus explicite, indique le point où ils durent s'arrêter. C'est dans la ville de Ngouça, où l'on trouve un quartier compris sous le nom d'Oulâd El Aribi (les descendants de l'Aribien) qui fait à peu près un tiers de la population. Ngouça, appartenant à l'oasis d'Ouaregla, se trouve sur la ligne que les émigrants devaient parcourir.
"

L'hypothèse à creuser selon moi dans le cadre de l'exploration de la 'piste Ifogha' est donc bien la suivante: déplacement d'une colonie / d'un sous-groupe Touareg Ifogha, avec un premier arrêt à la lisière du désert, dans un endroit qui a pris en conséquence une dénomination ethnographique qui en porte la trace: Foughala. Puis dans une deuxième étape, un avancement jusqu'au bord de la Méditerrannée.
Comme déjà dit, la connaissance des routes anciennes Nord-Sud utilisées par les caravanes pourrait nous aider à y voir plus clair pour les Foughal de la région de Jijel - voire même pour les Fourhal du Maroc, et les Foughal de Gouraya cités par Cauvet.

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Références

Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842
Etudes sur la Kabylie proprement dite, par E. Carette (livre premier)
Paris, Imprimerie Nationale, 1848

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Commentaires
A
ja imerai vous inviter a connaitre le sazzoug des ath mlikech une tribu que KAKL MARX ET ANDREE JULIEN ONT ETUDIE MERCI J ATTENDS VOTRE REPONSE JE SUIS UN CORRESPONDANT DE PRESSE
K
super le blog, plein d'infos!!!!!!!!!!!!!!!!!!<br /> et puis c bien que ce soit des gens de chez nous qui cherchent le passé, et pas tjrs les coloniaux !!!!!!!!!!!!!!!!!!<br /> <br /> le fait qu'un nom de tribu veuille dire quelque chose en berbère n'enleve pas le probleme: les noms de tribus peuvent s'etre deformer avec le temps, <br /> avec les annees on oublie l'origine et il est plus facile de chercher une ressemblance avec un mot de tous les jours.<br /> la remarque sur le tigre, c'est un peu du 'il est fier comme un bar-tabac' votre truc : dans 200 ans plus personne se rappelera d'ARTABAN, et y'a un mec qui t'expliquera que l'expression vient de 'tabac', un truc qu'on avait le droit de fumer à l'époque !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
B
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre message.<br /> Effectivement, l'hypothèse de Carette est que le sens soit 'les habitants de Rat'.<br /> => là encore on trouve un nom qui offre une double possibilité étymologique, comme pour les Beni Foughal avec Foughal/ Ifogha. <br /> Au final pour ma part je dirai que mon avis est moins tranché que le votre: toutes les hypothèses me semblent ouvertes :-), <br /> <br /> De plus, les populations touarègues auxquelles se réfère Carette sont des Touareg du Nord (voir les autres articles à ce sujet dans le blog), qui ont la peau très claire. La problématique est là encore la même que pour les Beni Foughal qui comptent aussi beaucoup d'éléments blonds ou roux aux yeux bleus.<br /> <br /> Cordialement
T
Bonsoir,<br /> D'abord tout mes remerciements pour cette investigation que je trouve très intéressante même si cela mérite quelques révisions de certains points.Comme par exemple le nom de "Beni Ir'at'en"<br /> qui signifie en berbère de kabylie "Ait Irathen" c'est à dire les fils ou les habitants d'Iraten. Selon ces derniers le mot Iraten signifie "Tigre" et en plus la majorité de la population de cette tribu est blanche et aux yeux bleus. C'est pourquoi il me semble que l'hypothèse de de la ville de R'at est à l'origine du nom de la tribu est sans fondements.
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